les mots...
Ils se sont échappés, répandus en lettres bleues sur le papier blanc. Essai malhabile de calligraphie hâtive, en glyphes diagonaux sur le papier toilé impérial... Et quand la réalité fût ainsi arrachée de mon être pour être transposée sur cet autre support, la main s'est arrêtée après l'aveu comme si quelque chose était rompu, la volonté cassée. La lettre n'est pas finie... une fois de plus.
Il manque la conclusion, celle qui ne m'appartient pas. La partie de l'échange qui doit être engendrée. La réaction que l'action devrait générée. Mais il me faut bien terminer la lettre. Je ne peux l'envoyer ainsi. Il va me falloir toruver les mots pleins de déculpabilisation, d'espoir, de douceur pour lui dire que cette lettre est une main tendue, un signe d'amitié et plus, si lui le désire. Lui faire savoir également que cette lettre peut n'être qu'un fantôme, une pécadille s'il préfère que les choses soient simples. L'ombre d'une pensée qui n'ose se dire... et qu'il ets possible d'oublier comme si elle n'avait jamais existée.
Je terminerai la lettre. Ce week-end ? peut-être. Mais ensuite, il faudra la poster, acte lui-même ardu car dès lors la lettre ne vous appartient plus et le futur prend le pas sur le présent, dès lors. Le soulagement survient suite à l'action et l'expectative surgit avec en corollaire l'angoisse qui guette pour fondre sur sa proie. Il faudra l'esprit serein se dire qu'il est quelqu'un de bien et que l'on ignore qu'elle pourra être sa réaction ou sa compréhension. Qu'importe si la lettre est écrite, pour soi surement, pour lui probablement, pour rien...